XVIIe-XVIIIe siècles
-
Sommaire
I. Etudes - Samuel GRAS, "L'atelier de Jean Poyer à Madrid. Un missel au temps des fiançailles de Charles VIII et Marguerite d'Autriche"; Annalisa MASTELOTTO, "Au fil des pages: les notes marginales de l'exemplaire de travail de la Bibliotheca Universalis de Gesner consacrées aux auteurs italiens"; Evelien CHAYES, "Bibliothèques bordelaises à l'époque de Montaigne"; Dominique VIDAL, "Le Théâtre d'Agriculture et mesnage des champs, d'Olivier de Serres dans les catalogues de ventes de bibliothèques au XVIIIe siècle, de Jacques-Auguste de Thou à Jean-Baptiste Huzard"; Peter NAHON, "Un regard bordelais sur le rite comtadin en 1847, assorti de quelques notes sur la disparition de celui-ci"; Michel WIEDEMANN et Pierre COUDROY DE LILLE, "Les hommes illustres de Plutarque à nos jours: à propos d'une collection de François Séraphin Delpech"; Christophe BLANQUIE,: "L'érudit, l'évêque et le ministre: le premier Tamizey de Larroque"; Xavier ROSAN, "L'écrivain Louis Emié (1900-1967) et les arts"; Nathalie DIETSCHY, "Le livre d'artiste: au-delà de la page à l'ère digitale" - II. Variétés - André GALLET, "Corisande, Henri de Navarre et Montaigne"; Gilles DUVAL; "Registre de sommet et Cartes de visite, des imprimés parfois négligés: l'exemple du Pic Long (3.192 m), 1928-1939".
-
Table des matières
Anne CAYUELA, Marc VUILLERMOZ
Avant-propos
Chapitre premier – L’auteur dramatique
Sandrine BLONDET
De la sueur, du temps et des armes. Les Mots du travail dramatique
Philippe MEUNIER
Du texte au paratexte : histoire de quelques métaphores animales du poète et de ses plagiaires
Emmanuelle HENIN
La métaphore picturale dans le paratexte théâtral : l’exemple de Scudéry
Marine SOUCHIER
De « l’excellent poète » au « rimailleur » : enquête sur la charge axiologique des diverses dénominations de l’auteur dramatique
Juan Carlos GARROT
La perspective du poète : lecture et représentation dans les préliminaires caldéroniens
Chapitre II – Esthétique et dramaturgie
Enrica ZANIN
Les choses du théâtre dans les premiers dictionnaires italiens,français et espagnols
Fausta ANTONUCCI
Escena, cena, paso : las particiones internas al acto o jornada en textos teatrales y teóricos del Siglo de Oro
Marc DOUGUET
L’horreur du vide. Analyse terminologique de la notion de « liaison des scènes » dans la théorie dramatique française
Chapitre III – Les genres dramatiques
Christophe COUDERC
Paratexte et taxinomie. Sur quelques désignations génériques du théâtre espagnol
Coline PIOT
« Farce » ou « petite comédie » ? Les enjeux du processus d’identification d’un nouveau genre (1660-1670)
Emmanuele DE LUCA
Lazzo : enjeux poétiques et esthétiques d’un intraduisible italien au XVIIe siècle français
Chapitre IV – L’acteur et le personnage
Véronique LOCHERT, Bénédicte LOUVAT
Jouer, réciter, déclamer : les mots du jeu en France, en Espagne et en Italie
Teresa JAROSZEWSKA
Un capitan italien en costume espagnol sur la scène française. Les dénominations de soldats fanfarons aux XVIe et XVIIe siècles
Chapitre V – Réception
Céline FOURNIAL
Lope de Vega à la lettre : la réception de l’Arte nuevo de hacer comedias en France
Patrizia De CAPITANI
Le langage figuré dans les prologues des comédies italiennes et françaises du XVIe siècle : un enjeu de réception
Hélène TROPÉ
Les mots et les choses du rire dans les théâtres français et espagnols des XVIe et XVIIe siècles
Stéphane MIGLIERINA
Rire et suavité, entre traités religieux et textes liminaires théâtraux
Index des noms
Index des pièces
-
Table des matières
Introduction
PREMIÈRE PARTIE. PENSÉES THÉORIQUES ET NON THÉORIQUES
Chapitre premier. La négociation des traités avec les formes modernes
Florence d’Artois
Qu’est-ce qu’une « tragédie éthique » ? Ambiguïté de lèthos dans les poétiques néo-aristotéliciennes italiennes et espagnoles
Enrica Zanin
La tragédie à fin heureuse ou comment une forme aristotélicienne est rejetée par les néo-aristotéliciens (Italie, France, Espagne)
Chapitre II. La pensé des discours non savants
François Lecercle
La tragédie est une comédie qui s’ignore : brouillages et partages dans la polémique théâtrale, en France, dans la première moitié du XVIIe siècle
Lise Michel
Objets et pratiques des commentaires non savants sur la tragédie (France, 1660-1670)
DEUXIÈME PARTIE. TRADUCTIONS ET IMITATIONS : LA RÉÉCRITURE, CREUSET DE PROPOSITIONS
Chapitre III. Expérimentations savantes
Marie Saint Martin
La tragédie avant la tragédie : Les premières traductions du théâtre grec en langue vernaculaire
Line Cottegnies
Une pièce romaine pour quoi faire ? Antonius de Mary Sidney Herbert (1592) ou le closet drama en question
Chapitre IV. Revivifier le spectacle tragique, entre douceur et violence
Danielle Boillet
La tragédie à Bologne dans le sillage de Circé : La « Medea essule » (1602) de M. Zoppio
Zoé Schweitzer
Du dénouement spectaculaire comme critère
TROISIÈME PARTIE. HYBRIDATION ET REDÉPLOIEMENTS. DISSOLUTION OU PENSÉE DES FRONTIÈRES GÉNÉRIQUES ?
Chapitre V. Usage des topoï épiques : transitions et expérimentations
Jean Canavaggio
La Numancia de Cervantès, de comedia à tragedia
Fausta Antonucci
Le siège d’une ville comme sujet dramatique dans les premières années de la Comedia Nueva et son lien à la tragédie
Tiphaine Karsenti
Les scènes de bataille dans la tragédie française au tournant des XVIe et XVIIe siècles
Chapitre VI. La rénovation de la tragédie par l’absorption des genres mixtes
Fabien Cavaill©
La tragédie aux champs : emprunts pastoraux et pensée des frontières génériques dans les tragédies d’amour françaises (1600-1635)
Alban Déléris
Quand la tragédie dégénère : l’« effet monstre » dans les théâtres français et anglas au tournant des XVIe et XVIIe siècles
Bénédicte Louvat-Molozay
Deux moments de refondation du genre tragique en France : la tragédie des années 1630 et la tragédie en musique des années 1670
Françoise Decroisette
Retour à l’horreur tragique dans les tragedie per musicade Girolamo Frigimelica Roberti (1653-1732)
Chapitre VII. L’intégration des effets comiques : distanciation, parodie ou réactivation de l’efficacité tragique ?
Juan Carlos Garrot Zambrana
Los malcasados de Valencia ou la tragédie et la farce déjouées
Stéphane Miglierina
Les tragédies d’un comico : théâtre sérieux et comédie du pouvoir chez Niccolò Biancolelli
Marcella Trambaioli
Farce à la manière d’une tragédie : nouvelles réflexions sur la fªte théâtrale courtisane dans l’Espagne des XVIe et XVIIe siècles par rapport au théâtre tragique
QUATRIÈME PARTIE. LE THÉÂTRE SÉRIEUX À L’ÉPREUVE DE SES DEHORS : CONFRONTATIONS À LA CULTURE DE LA PREMIÈRE MODERNITÉ
Chapitre VIII. Laporosité aux discours non dramatiques (discours, philosophie, histoire et morale)
Enrica Zanin
« Il dialogo all’altezza della tragedia » : proximité entre dialogue et tragédie (Italie, France 1550-1630)
Guillaume Navaud
Le chaud et le froid. Tragédie, histoire et philosophie dans l’Angleterre de la Renaissance
Christine Sukic
« Stages too / Have a respect due to them » : The Revengeof Bussy D’Ambois (1613), une tragédie à la marge
Chapitre IX. L’accommodation du théâtre sérieux à la culture post-tridentine
Bruna Filippi
La tragédie chrétienne jésuite en Italie entre édification spirituelle et morale (XVIIe siècle)
Cécile Berger
Les choix esthétiques de Giovan Battista Andreini dans L’Adamo(1613), sacra rappresentazione à l’image d’une conception divine du monde
Isabel Ibáñez
De l’incompatibilité entre hagiographie et tragédie :La Ninfa del Cielo de Tirso de Molina
Yves Germain
La part du Démon, une possible inflexion tragique au sein de l’auto sacramental caldéronien ?
Barbara Selmeci Castioni
Heurs et leurres de la tragi-comédie chrétienne. Les deux Josaphat de Magnon et D.L.T
Chapitre X. Livrer un regard sur le monde contemporain
Anne Wagniart
La tragédie protestante allemande des XVIe-XVIIe siècles
Anne Teulade
Une tragédie d’actualité est-elle possible ? Parler aux émotions et aux croyances des spectateurs
Bibliographie
Index
Les auteurs
La renaissance de la tragédie s’accompagne, aux XVIe et XVIIe siècles en Europe, de l’éclosion de formes dramatiques qui se situent à ses marges, sans pour autant être marginales. La tragédie occupe alors une position à la fois centrale et décentrée au sein d’un ensemble mobile et plus vaste, que l’on peut qualifier de théâtre sérieux. Il fallait penser cette place et modéliser les relations dynamiques et complexes entre la tragédie et ces autres formes. Cet ouvrage revisite également les usages de ce théâtre, interrogeant par exemple la place dévolue au théâtre didactique, les types d’émotions engagés par les fictions à sujet grave, la mobilisation éventuelle d’un décryptage allégorique et la possibilité de parler de « drame » épique. Enfin, il s’intéresse à la manière dont les poètes accommodent les différentes formes de théâtre sérieux aux enjeux d’un monde nouveau, prenant acte d’un changement de paradigme culturel : comment un théâtre érudit ou commercial, dans tous les cas non liturgique, peut-il prendre en charge les récits religieux, biblique ou hagiographique ? Qu’en est-il de la représentation de l’histoire nationale, notamment dans les puissantes monarchies qui sont en train de se constituer, en Espagne, en France et en Angleterre ? Dans quelle mesure le retour au premier plan de formes héritées de l’Antiquité s’accompagne-t-il de ces préoccupations idéologiques nouvelles ?
-
Table of contents / Table des matières : I. Foreward / Avant-propos – II. Lire Le neveu de Rameau – D, BREWER, « The Nephew’s Time : Temporality and the Moment in Diderot’s Le neveu de Rameau » ; A. WALL, « Diderot’s chronophotographic writing in Rameau’s Nephew » ; J.-C. BOURDIN, « Jean-François Rameau contre-philosophe » ; J.-L. MARTINE, « L’art et la matière : aperçus sur l’écriture du matérialisme dans Le neveu de Rameau » ; F. BOULERIE, « “Mes pensées, ce sont mes catins” : ambiguïtés et compromission de la philosophie dans Le neveu de Rameau » ; J.-P. CLÉRO, « Commerce, pesées et calculs dans Le neveu de Rameau » ; Z. HAKIM, « Des bénéfices de la déraison : subversion et libération dans Le neveu de Rameau de Diderot » ; P. CASINI, « Le neveu de Rameau ou les sables mouvants de la dialectique » ; P. DUC, M. HOBSON, « Le neveu de Rameau : Eighteenth-Century Music as a Stepping Stone to Hegelian Dialectic » ; B. SAINT-GIRONS, « Y a-t-il un sublime dans le mal ? “Un brigand heureux avec des brigands opulents” » ; C. KLETTKE, « Le génie sublime et sa parodie : deux mises en scène de Diderot » ; L. NOUIS, « La colère et la joie : éthique et esthétique des passions dans Le neveu de Rameau » ; J.-A. PERRAS, « Usages et réformes : Le neveu de Rameau et les ambivalences de l'originalité » ; M, DELON, « Le neveu de Rameau et la jolie femme » ; K. E. TUNSTALL, « Le neveu de Rameau, r¨gne des magots et des pagodes » ; J. LEICHMAN, « Quantum Performance : Intersubjectivity, Uncertainty, and The neveu de Rameau » ; P. VON HELD, « Insights with Hindsight : Adapting Le neveu de Rameau for the Citizens Theatre, Glasgow, 1998 36 » ; K. BARTHA-KOVáCS, « Le neveu de Rameau au miroir de sa réception hongroise : de l’interprétation philologique à une approche » ; S. ZENGINE, « L'expansion de la Mimésis : Le neveu de Rameau et une légende biographique d’André Chénier ».
hénier ».
Table of contents / Table des matières : I. Foreward / Avant-propos – II. Lire Le neveu de Rameau – D, BREWER, « The Nephew’s Time : Temporality and the Moment in Diderot’s Le neveu de Rameau » ; A. WALL, « Diderot’s chronophotographic writing in Rameau’s Nephew » ; J.-C. BOURDIN, « Jean-François Rameau contre-philosophe » ; J.-L. MARTINE, « L’art et la matière : aperçus sur l’écriture du matérialisme dans Le neveu de Rameau » ; F. BOULERIE, « “Mes pensées, ce sont mes catins” : ambiguïtés et compromission de la philosophie dans Le neveu de Rameau » ; J.-P. CLÉRO, « Commerce, pesées et calculs dans Le neveu de Rameau » ; Z. HAKIM, « Des bénéfices de la déraison : subversion et libération dans Le neveu de Rameau de Diderot » ; P. CASINI, « Le neveu de Rameau ou les sables mouvants de la dialectique » ; P. DUC, M. HOBSON, « Le neveu de Rameau : Eighteenth-Century Music as a Stepping Stone to Hegelian Dialectic » ; B. SAINT-GIRONS, « Y a-t-il un sublime dans le mal ? “Un brigand heureux avec des brigands opulents” » ; C. KLETTKE, « Le génie sublime et sa parodie : deux mises en scène de Diderot » ; L. NOUIS, « La colère et la joie : éthique et esthétique des passions dans Le neveu de Rameau » ; J.-A. PERRAS, « Usages et réformes : Le neveu de Rameau et les ambivalences de l'originalité » ; M, DELON, « Le neveu de Rameau et la jolie femme » ; K. E. TUNSTALL, « Le neveu de Rameau, r¨gne des magots et des pagodes » ; J. LEICHMAN, « Quantum Performance : Intersubjectivity, Uncertainty, and The neveu de Rameau » ; P. VON HELD, « Insights with Hindsight : Adapting Le neveu de Rameau for the Citizens Theatre, Glasgow, 1998 ; K. BARTHA-KOVáCS, « Le neveu de Rameau au miroir de sa réception hongroise : de l’interprétation philologique à une approche satyrique » ; S. ZENGINE, « L'expansion de la Mimésis : Le neveu de Rameau et une légende biographique d’André Chénier ».
dré Chénier ».
-
Table des matières
Préface François-Xavier CUCHE
I. Image, imaginaire
Laurent MATTIUSSI, Fénelon et la réévaluation de l’image : le tournant moderne
Christian BELIN, L’image insensible chez Fénelon
Hélène MICHON, Image, idée et désir de Dieu dans les écrits spirituels de Fénelon
Benedetta PAPASOGLI, Fénelon et les « anthropologies » de Dieu
Delphine REGUIG, Sublime et transparence des images dans les Dialogues sur l’éloquence de Fénelon
Alain CANTILLON, Les Aventures de Télémaque : jeu des images, jeu de l’imagination
II. ASPECTS DE L’IMAGINATION FÉNELONIENNE
Bernard TEYSSANDIER, De quoi Mentor est-il l’image ?
Volker KAPP, L’image de l’enfant dans l’œuvre de Fénelon
Isabelle TRIVISANI-MOREAU, Le pinceau sous la plume : l’image dans les fables et opuscules pédagogiques de Fénelon
Eric TOURRETTE, Les images gelées
III. FÉNELON ET LES ARTS
Odile DUSSUD, Couleurs antiques
Patricia TOUBOUL, La mémoire comme « cabinet de peintures ». Une m©taphore convenue du discours fénelonien ?
Alain BRUNN, « On voudrait y être » : le regard modeste du peintre. L’image, sa fabrique et son appropriation dans les Dialogues des morts (LII et LIII) de Fénelon
Jacomo FUK, Fénelon chez Louis Marin
IV. STYLISTIQUE ET RHÉTORIQUE DE L’IMAGE
Françoise BERLAN, Représenter, représentation chez Fénelon
Laurent SUSINI, Que donne à voir le feu sortant des yeux de Calypso ? Clichage et prudence dans le Télémaque de Fénelon
Agathe MEZZADRI, Un impensé du style fénelonien : la métaphore du ruisseau
V. ILLUSTRER FÉNELON
Marie-Claire PLANCHE, Physionomies de Fénelon
Olivier LEPLATRE, La carte et le livre (Les Aventures de Télémaque)
Pierre MICHEL, De l’enfance d’un chef à l’âge d’homme : images pour un Télémaque romantique
Emblème d’un siècle ambivalent vis-à-vis des arts de représentation, iconolâtre autant qu’iconophobe, Fénelon témoigne dans son œuvre d’un complexe du visible. Chez lui, dialoguent en tension les plus grandes réticences et l’intérêt stratégique voire le goût profond pour l’image. Les études rassemblées ici sondent et comparent les divers pans d’un corpus divers qui assemble fictions, essais pédagogiques et esthétiques, et bien entendu prose spirituelle. Ce balayage permet une grande pluralité des approches qui saisissent les enjeux et les soubassements d’une pensée, d’une croyance et d’une sensibilité à la fois inquiétées et passionnées par le pouvoir de l’image. Pour partie, Fénelon met en soupçon, éventuellement refuse les images, jugées risquées parce que séductrices, trompeuses, illusoires. Mais il sait aussi ne pouvoir se passer du régime de l’image, concrète et mentale, pour toucher et persuader les hommes auxquels il s’adresse et que les sens rendent incapables de s’élever spontanément à l’abstraction des idées ou de la foi.
Le lecteur trouvera dans ce volume un croisement de perspectives : spirituelles, littéraires, stylistiques, esthétiques, didactiques, éditoriales… L’enquête conclut à la place centrale et éminemment problématique que l’œuvre de Fénelon n’a cessé d’entretenir avec les différents modes de la figuration.
-
Le Dictionnaire des gens de couleur, dans son troisième et dernier volume, achève de révolutionner une vision qui aurait fait de l’immigration issue des colonies, noire ou métisse, un phénomène purement contemporain. Les estimations initiales ont même été réévaluées, à la faveur des investigations poussées dans le midi, pour porter à près de 20 000 le nombre des nouveau-venus dans la France d’ancien régime. Registres de passagers et fonds des amirautés, mais aussi registres paroissiaux et états nominatifs à l’heure où la Monarchie a voulu éloigner « Noirs, mulâtres et autres gens de couleur » du territoire, ont permis d’appréhender ces hommes et ces femmes, tantôt libres serviteurs ou esclaves à talent dans les ports. Bien sûr, Bordeaux devenue à la veille de la Révolution le premier port français a joué un rôle majeur dans ces entrées, à peine moins nombreuses qu’à Nantes. Mais La Rochelle précocement engagée dans la voie du Nouveau Monde et Marseille tentée à la fin du XVIIIe siècle par une conversion de son commerce du Levant en direction de l’Atlantique ont aussi participé à une immigration qui s’est accrue avec la perte, en 1763, du premier empire colonial. De là, c’est tout un monde de petites gens, en retrait des ports où les mascarons des hôtels particuliers ont rendu écho à leur condition, qui a trouvé sa place dans ces arrière-pays dont les moindres bourgades, languedociennes ou provençales, ont révélé des unions mixtes, et parfois même donné naissance dans l’ombre des plus grandes familles – Mirabeau ou Guizot – à des branches métisses.
-
L’histoire de la famille Necker est celle d’une ascension sociale unique. Jacques Necker (1732-1804), d’origine bourgeoise modeste, débute comme banquier à Paris, fait fortune avec la Compagnie des Indes et, en 1776, devient Ministre des Finances de Louis XVI et achète le château de Coppet en 1784. Sa fille Germaine (1766-1817), mariée à Eric Magnus de Staël-Holstein, est la seule héritière de cette fortune. Au cours de sa courte vie (elle meurt à l’âge de 51 ans), Germaine de Staël publie une trentaine de livres et d’essais, dont les deux plus connus sont Corinne ou l’Italie (1807) et De l’Allemagne (1810). Elle tient son titre de gloire d’être une exilée et farouche opposante à Napoléon. Quand elle ne voyage pas, elle reste à Coppet où elle est aussi connue pour avoir rassemblé autour d’elle « les Etats généraux de l’opinion européenne ». Elle a su tisser des réseaux d’amitiés à travers toute l’Europe et les Etats-Unis. Ce travail prend comme point de départ ce réseau d’intellectuels et d'aristocrates polyglottes pour mieux comprendre les différentes facettes et mécanismes de la sociabilité au château de Coppet. Martina Priebe étudie le lien subtil entre le Groupe de Coppet comme mouvement intellectuel et le rayonnement de Coppet comme mécanisme de communication, avec l’organisation de la vie quotidienne (jeu, fête, dîner) et l’espace du château (les chambres, le mobilier et les œuvres d’art). Elle montre que la sociabilité à Coppet, entre Lumières et romantisme, a été un terrain fécond pour imaginer avant de les propager maintes idées républicaines.
-
Sommaire: E. Chapron, J. Boutier, « Utiliser, archiver, éditer. Usages savants de la correspondance en Europe, xviie-xviiie siècles »; M. Greengrass, L. Penman, « L’ombre des archives dans les cultures du savoir du xviie siècle : les papiers de Samuel Hartlib (v. 1600-1662) »; J. Boutier, A. Bruschi, « Dans les ‘‘armoires’’ de Baluze : constitution, organisation et pratiques des archives épistolaires d’un savant au Grand Siècle »; M. Stuber, « Les archives épistolaires dAlbrecht von Haller : Formation, perception, réception d’une correspondance »; A. Saada, « La pratique de la correspondance de Christian Gottlob Heyne (1763-1812) : annoter, administrer, archiver »; P. Bret, « La correspondance de Lavoisi : pratiques matérielles de la lettre dans un corpus savant des Lumières » - Mélanges - P. Bourgain, « À la recherche des caractères propres aux manuscrits d’auteur médiévaux latins »; G. Pastore, F. Duval, « La tradition française de l’Infortiat le Livre de jostice et de plet »; M. Cassan, « Engagement et appartenances : les vies des magistrats Étienne de Lestang (1510-1581) et Antoine de Lestang (1541-1617) »; J. Delmulle, « Un mécène en disgrâce : l’épître dédicatoire retrouvée de la Bibliotheca Coisliniana (1715) » - Bibliographie - Comptes rendus critiques - Notes de lecture - Résumés.
-
Au Siècle des Lumières, le héros de roman prend la plume. Saisi d’une rage de raconter sa vie et de se donner une histoire, il devient un écrivant. René Démoris explore une forme romanesque liée, au début du XVIIe siècle, au roman picaresque espagnol et qui prend son essor dans les mémoires authentiques et fictifs de l’époque classique. Elle triomphe dans l’autobiographie pittoresque – et à nouveau picaresque – de Gil Blas de Santillane, avant de s’épanouir chez Marivaux et Prévost. Démoris définit le rapport qu’entretient ce roman à la première personne avec la mutation sociale, culturelle et politique qui va produire ce monstre singulier, l’individu, et qui mène au sacre de l’écrivain. Fiction singulière que celle où s’exerce la première personne, laquelle suggère à ses lecteurs un exercice de critique autant que d’identification. En attendant qu’avec Jean-Jacques et ses Confessions, roman-mémoires enfin vrais, l’auteur jette le masque. L’exaltation du Je narratif renvoie au fondement même de notre relation à la littérature. A-t-on une autre histoire que celle qu’on s’invente et qu’on écrit ?
-
A la fin de 1787 l’ancien régime français se précipite vers la banqueroute. Or l’Eglise, considérée très riche, possède un organisme consacré au financement de la monarchie. Depuis le seizième siècle les rois font appel au clergé par l’intermédiaire d’une assemblée générale, qui se réunit tous les dix ans afin d’octroyer au fisc royal un « don gratuit », ce qui doit être sa contribution aux revenus de l’Etat. Ces assemblées sont convoquées aussi à mi-terme, afin de réviser le montant du don et, en temps de crise, le roi a le droit d’en convoquer une afin de demander une subvention extraordinaire. En 1788 la situation financière impose cette nécessité à Louis XVI, mais le clergé ne veut pas coopérer. Au lieu des huit millions de livres tournois que le roi lui demande, le clergé ne lui offre que 1.800.000 – somme dérisoire. En revanche, le clergé profite de l’occasion pour se plaindre de l’hostilité des paysans au régime décimal, des tracasseries bureaucratiques, et de l’esprit de tolérance qui vient d’accorder aux non-catholiques un statut civil qui abrogera le monopole de l’Eglise sur les baptêmes, mariages et sépultures. L’assemblée est un échec pour le roi, mais Louis XVI ne s’en inquiète pas, parce qu’il a trouvé un moyen plus sûr d’obtenir son argent. Il convoquera les Etats Généraux, abandonnés depuis 175 ans, qui résoudront toutes ses difficultés ! Les derniers jours de l’assemblée du clergé sont consacrés à la réalisation de ce plan apparemment si génial, mais qui sonnera le glas de l’ancien régime. Le procès-verbal de l’assemblée de 1788, trop longtemps perdu dans les archives, nous offre un aperçu précieux des derniers jours de la monarchie absolue juste avant la Révolution.